Thierry Albenque, représentant UJSF dans le Gard : “Un syndic de presse pour défendre le métier de journaliste et son statut”

La vie des médias

Journaliste responsable de la rubrique sports à Midi Libre Nîmes, Thierry Albenque est le “syndic de presse du stade des Costières”, un rôle méconnu des journalistes qui ne traitent pas des faits sportifs. Interview.

Thierry, qu’est-ce qu’un syndic de presse ?
Tout d’abord, il faut préciser que cela n’a rien à voir avec un syndicat au sens social du terme. Je suis membre de l’Union des journalistes de sport en France (UJSF). Il s’agit d’une association, reconnue par le ministère des Sports, qui assure le lien entre toutes les fédérations sportives et les journalistes de sport. L’UJSF veille à ce que dans le cadre des compétitions, et hors compétition, les journalistes puissent travailler dans de bonnes conditions.

Dans les faits, comment cela se traduit-il ?
Par le respect de la carte de presse. Les journalistes gèrent eux-mêmes la tribune de presse. Un président de club ou un entraîneur n’a pas de droit de regard sur le nom des journalistes présents au stade pour travailler. Par ailleurs, nous veillons à ce que les installations comprennent certains équipements, comme le wifi et des prises de courant, ou encore le respect de certains codes par les clubs comme la venue des deux entraîneurs en salle de presse 30 minutes maximum après le coup de sifflet final et le passage obligatoire des joueurs en zone mixte.

Est-ce une situation propre à la France ?
Je ne le sais pas mais je crois que c’est assez unique en Europe. Dans certains pays, les clubs ont voulu faire payer des droits de diffusion aux radios… En France, l’UJSF veille à ce que ce genre de situation ne se produise pas.

En quoi le fait que Nîmes Olympique évolue en Ligue 1 change quelque chose à ton rôle de syndic ?
Le nombre de demandes d’accréditation. Il y a 60 places pour permettre aux journalistes de travailler en tribune au Stade des Costières. Quand Nîmes Olympique était en National, l’actualité du club intéressait beaucoup moins, notamment les médias nationaux.

Cette montée en Ligue 1 du club t’oblige donc à davantage de “contrôle” ?
Je suis journaliste depuis plus de 20 ans. Je suis syndic de presse parce que j’ai à cœur que les journalistes travaillent dans de bonnes conditions au stade. Beaucoup de journalistes aiment le foot, mais priorité est donnée en tribune à ceux qui viennent pour travailler. Le mode de sélection est simple : être détenteur de la carte de presse ; et d’une carte presse sport UJSF. Dimanche, pour le match Nîmes Olympique / OM, j’ai dû refuser l’accès à la tribune à certains journalistes, y compris de Midi Libre, qui souhaitaient assister au match en qualité “d’observateurs”. Personnellement, j’aime beaucoup le cinéma. Ce n’est pas pour autant que ma carte de presse m’autorise à me rendre au Festival de Cannes juste pour voir des films.

Te heurtes-tu à des incompréhensions ?
Oui. Beaucoup de personnes qui ont des blogs, le statut d’autoentrepreneur ou de correspondant local de presse souhaitent accéder à une tribune de presse de L1. Je suis syndic de presse pour défendre le métier de journaliste et son statut. Or, nos règles sont claires : pas de carte de presse, pas d’accès à la tribune. Cela ne préjuge en rien de la qualité de production des uns et des autres. Mais il faut une règle, et elle est ainsi faite.

Propos recueillis par Guillaume Mollaret