Mikaël Anisset, Photojournaliste à l’agence nîmoise de Midi Libre et membre du Club vient de remporter le 1er prix Monovisions Photography Award, lancé par une revue britannique, catégorie Photojournalisme.
Cette photo d’actualité a été prise lors des obsèques du raseteur Enzo Robert, dans les arènes de Sommières, le 20 avril 2022.
Interview
Cette photo est celle d’obsèques, un événement public et intime à la fois. Comment te positionnes-tu lors d’un tel reportage ?
C’est le genre d’événement que je n’aime pas trop couvrir. Dans ces circonstances, tu n’es pas à l’aise avec un appareil photo dans les mains. On a l’impression d’être un peu voyeur dans ce genre de situation.
Ton choix de matériel influence-t-il ton positionnement ou bien est-ce l’inverse ?
Hmm… J’essaye de choisir des optiques polyvalents et d’avoir un peu de tout. En l’occurrence, j’avais initialement pris un téléobjectif et en fait, au regard de la configuration des lieux et de l’endroit où je me trouvais, il n’y avait que le grand angle qui pouvait me donner le bon plan.
Tu es tellement au-dessus du cercueil qu’on dirait la photo prise par drone…
Tu n’es pas le premier à me poser la question ! Mais je te confirme qu’elle est bien prise au grand angle, en surplomb du haut des arènes de Sommieres. Le Grand angle donne une dimension extraordinaire à cette photo avec la pluie qui tombe. Elle lui donne aussi une forme de dramaturgie.
Si belle soit cette photo, n’es-tu pas gêné de proposer une photo d’obsèques à un prix ?
Je ne vois pas les choses ainsi même si je comprends la question. Je trouve que cette image est touchante. Il y a beaucoup d’émotion dessus. Je la vois d’abord sur le plan informationnelle. Je suis journaliste. C’est mon métier de donner une information.
En avril dernier, cette photographie est parue en couleur dans Midi Libre. Pourquoi la présenter en noir et blanc pour ce prix ?
En noir et blanc, cette image est plus forte. Il y a les parapluies noir, le cercueil blanc, la boue, un cheval blanc. L’image prend toute sa puissance en noir et blanc.
Le noir et blanc n’est quasiment plus utilisé dans la presse quotidienne. Y a-t-il encore sa place malgré tout ?
Le noir et blanc ne se fait plus. Le photojournaliste ne peut plus s’imposer, c’est vrai, même sur le web. C’est devenu réservé aux artistes et quelque part, je trouve cela dommage. Malgré tout, et il faut le voir comme un signe positif, elle se trouve aujourd’hui diffusée en noir et blanc de mardi dans Midi Libre.